D’Architecte d’intérieur à Dragqueen

Déc 19, 2023 | Articles de presse, News, Presse

Sud-Info – 12 juin 2023

D’Architecte d’intérieur à Dragqueen: l’incroyable parcours de Ian Lejeune, alias Madame Yoko

Rien ne prédestinait Ian Lejeune au métier qu’il exerce aujourd’hui. Diplômé en architecture d’intérieur de Saint-Luc à Bruxelles, sa vie a pris un virage à 180 degrés suite à une soirée à la capitale.

Après avoir fini sa scolarité à l’Athénée Royale d’Arlon, Ian Lejeune décide d’entreprendre des études d’architecture d’intérieur à l’école Saint-Luc, d’abord à Liège puis à Bruxelles. Nous sommes alors en 2012-2013.
Totalement extérieur au milieu gay à l’époque, il se rend un soir avec son meilleur ami à la rue du Charbon à Bruxelles. « On voit une pancarte sur laquelle il était noté « Dragshow live ». On se dit, c’est quoi ce truc ? Des hommes qui se déguisent en femme et qui chantent, bizarre. On y est allé, et ça a été la révélation ! ».

Adepte de chant, l’Arlonais est captivé par ce qu’il voit sur scène et décide un soir, de demander à celle qui deviendra sa marraine de scène, s’il peut partager une chanson avec elle. Après avoir envoyé un enregistrement de lui, Catherine d’Oex accepte mais lui pose la fameuse question : « Est-ce que tu le fais en femme ou en homme ? ». « Je me suis dit que ça pouvait être drôle de le faire en femme. Ce soir là, j’ai chanté trois chansons et, en sortant des loges toute maquillée et apprêtée, j’ai su que c’était ce que je voulais faire. »

 

De hobby à profession

 

Employé dans un magasin de décoration au Grand-Duché, Ian enchaîne les allers-retours vers la capitale belge tous les  weekends. Une passion énergivore et chronophage qui a bien failli lui faire tout arrêter. « J’avais parfois des shows le vendredi soir à Bruxelles, puis je travaillais tout le samedi à Luxembourg, et je remontais le soir vers la capitale. Sur un weekend, il m’arrivait de faire près de 1.200 kilomètres. »

Il évoque donc son envie d’arrêter les drag-shows à son compagnon pour se concentrer sur sa carrière professionnelle, mais celui-ci l’en empêche. « Alex m’a dit : « Non, pas question ! Tu vas quitter ton travail et on va ouvrir un cabaret. tu n’as pas envie de devenir la future maman du Grand- Duché? (NDLR :« Chez maman » est un cabaret connu de tous à Bruxelles) ? ». J’ai trouvé que c’était un énorme challenge mais que ça en valait la peine. »

Commencent alors deux années de réflexion pour trouver l’argent, mais surtout le lieu idéal. Et c’est finalement en plein cœur du village de Redange, à quelques kilomètres de la frontière belge, que les deux hommes ont trouvé la perle rare. En juin 2019, le Barnum était né !

C’est en montant les escaliers qui mènent au grenier de la bâtisse que les clients de l’établissement se retrouvent plongés
dans l’univers d’un petit cabaret intimiste. Lustres, plumes, costumes, le ton est donné sitôt les rideaux passés. « On a vraiment voulu un lieu qui ne soit pas trop grand pour pouvoir être au contact du public. Certes, on est là pour performer mais on ne se prend pas la tête, et on veut surtout passer un bon moment », poursuit Madame Yoko.

 

Un milieu difficile

 

Si aujourd’hui, le bouche-à-oreille a bien fonctionné, Madame Yoko avoue que c’est un métier qui ne reste pas facile. « Des émissions comme « Drag Race » ont permis de donner une visibilité à la profession de dragqueen, mais ça reste encore compliqué dans les mentalités, surtout ici. Les gens ne sont pas très ouverts mais uniquement parce que l’inconnu fait peur. On nous associe encore malheureusement à des bêtes de foire qui font ça pour le plaisir et qui ne méritent donc
pas d’être rémunérés pour ce que l’on fait alors que ce sont des heures et des heures de travail en amont ! »

Unique en son genre, tant au Grand-Duché que dans les environs d’Arlon, le Barnum attire des clients de partout : Luxembourg, France, Allemagne, et même des Américains. Il faut dire qu’après avoir dégusté un menu trois services, les convives en prennent plein les yeux pendant près de trois heures avec l’enchaînement des performances artistiques des dragqueens. Chants, danses, rires… on ne saurait que trop vous recommander de noter l’adresse pour l’une de vos prochaines soirées !

Barnum : 61A Grand-rue, Redange-sur-Attert
Toutes les infos sur le site www.barnum.lu