Madame Yoko, la reine des drag-queens luxembourgeoises

Madame Yoko, la reine des drag-queens luxembourgeoises

Le Quotidien - 29 mars 2024

Guillaume Oblet - Fabrizio Pizzolante

Madame Yoko est la première drag-queen luxembourgeoise à participer à l’émission Drag Race. L’occasion de découvrir son parcours et son univers.

Chevelure de soie et allure de sirène sur un très chic canapé molletonné, Madame Yoko étincelle de toutes ses parures dès l’entrée du Barnum, son restaurant-cabaret situé à Redange-sur-Attert. C’est dans ce lieu dédié à l’art du drag, au milieu d’un décor Art nouveau qui fourmille de détails, que nous reçoit Ian Lejeune, son nom lorsqu’elle tombe le costume.

«Le drag ne se résume pas à « je me déguise en femme ». C’est se créer un personnage, un autre soi. Mais nous n’avons rien inventé, ça date de l’Antiquité ! À l’époque, les femmes ne pouvaient pas faire du théâtre et les hommes jouaient les rôles de femmes. Maquillage, stylisme, danse, comédie, chant… nous sommes des artistes qui recèlent beaucoup de capacités», détaille celle qui a commencé sa carrière en 2016, en Belgique, sous le nom de Lady Sushi. «J’aime me moquer de mes origines», sourit-elle.

 

En homme ou en femme ?

Accrochées sur le mur dans l’entrée du Barnum, les photos de plusieurs drags qui ont performé sur la scène de l’établissement. Parmi ces artistes figurent «les drag mothers» de Madame Yoko. Celles qu’elle considère comme des mères, ces reines qui l’ont épaulée lorsque sa carrière en était encore à ses balbutiements.

«J’ai fait des études pour devenir architecte d’intérieur à Saint-Luc (Liège) et j’ai terminé mon parcours à Bruxelles. J’y ai découvert le quartier gay dans lequel je sortais régulièrement. Un soir, je suis entrée, par curiosité, dans « la Boule rouge » où un drag show était à l’affiche. À l’intérieur, je découvre cet art de la scène où l’on chante en live. La prestation de Catherine d’Oex a été une véritable révélation pour moi. C’était en 2016.»

Quelques mois après cette soirée, Ian Lejeune, qui a de solides notions de chant, se lance et décide d’interpeller Catherine d’Oex pour lui proposer de l’accompagner lors de ses spectacles. La drag-queen suisse le prend alors sous son aile et lui pose la question qui changera son existence : «Tu voudrais le faire en femme ou en homme ?». Quelques perruques plus tard, le rideau s’ouvre sur Lady Sushi.

D’un hobby du week-end, le drag se transforme en passion enflammée. Les contrats tombent, les rencontres s’enchaînent, le rythme des shows s’accélère et l’équilibre entre le métier d’architecte d’intérieur et la vie d’artiste drag vacille. «Le moment de rupture est arrivé, je n’en pouvais plus de cette cadence, j’ai décidé d’abandonner le drag», avoue-t-elle.

Alors que les talons regagnent le placard, le compagnon d’Ian le raisonne. «Il m’a proposé d’ouvrir un restaurant-cabaret au Luxembourg pour que je puisse poursuivre les shows. C’est comme ça que le Barnum est né.» En juin 2019, le lieu dédié à la restauration et au cabaret ouvre ses portes en pleine campagne, à Redange-sur-Attert.

 

Retour à la campagne

Avec ce projet, Ian Lejeune, né au Vietnam et adopté par une famille de Radelange (Martelange), retrouve le milieu rural et conservateur qu’il avait quitté et dans lequel il a grandi. Être asiatique, gay, drag-queen et patron de cabaret dans cette partie du Grand-Duché relève du «militantisme».

«Les regards, les chuchotements, les gens qui ne disent pas bonjour… Tout cela pèse au quotidien, je ne m’attendais pas à un accueil aussi froid.» C’est dans cette ambiance glaciale que «la Luxo démente» va imposer son univers incandescent.

C’est un véritable pèlerinage vers le drag

Loin des grandes cités du Luxembourg, le Barnum propose, en plus d’une restauration quotidienne, des dîners spectacles durant lesquels des drag-queens de toute l’Europe performent en live. Cette scène internationale crée un certain engouement.

Les spectateurs viennent de tout le Luxembourg et des pays voisins pour découvrir ce qu’il se passe derrière les murs de ce lieu unique. «C’est un véritable pèlerinage vers le drag», s’amuse Madame Yoko. Les spectacles, d’une durée de trois heures, ont lieu toutes les deux semaines dans une salle aménagée sous les toits.

«C’est petit, nous accueillons au maximum 60 personnes. Cela crée une ambiance conviviale, car les gens parlent rapidement entre voisins», indique la drag-queen. Si le drag a toujours trouvé sa place au Grand-Duché (voir encadré), le Barnum est, à ce jour, le seul établissement à proposer ce genre de prestation au Luxembourg.

Sur le plateau de Drag Race

La lumière du projecteur que pointe Madame Yoko sur le drag luxembourgeois finit par attirer l’attention de l’émission Drag Race Belgique, la déclinaison belge du programme américain culte RuPaul’s Drag Race. Il s’agit d’un concours de drag-queens durant lequel les candidates sont soumises à différents défis.

Chaque semaine, l’une d’entre elles est éliminée, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’une qui remporte alors le titre de «nouvelle reine du drag belge». Madame Yoko a été contactée par la production pour participer à la saison 2 du show dont la diffusion a lieu en ce moment sur Tipik (RTBF).

«J’étais un peu hésitante au début, j’avais peur de ne pas me sentir à ma place. Puis, j’ai fini par me laisser tenter par l’expérience. Mes amies m’ont dit de foncer pour gagner en visibilité et pour percer dans le milieu», explique la drag-queen luxembourgeoise. Après plusieurs mois de préparation, le début des trois semaines de tournage commence fin août 2023 à Liège.

Photo: RTBF

«Une fois castées, nous avons six semaines avant le tournage pour préparer nos tenues. Même si on est éliminée au début, elles doivent être prêtes jusqu’à la fin de la saison. Drag Race fait mal au porte-monnaie, car on dépense des milliers d’euros dans la confection des tenues ou dans l’achat de perruques.»

C’est une fierté d’être la première Luxembourgeoise à participer à Drag Race

Sur place, «on n’a pas beaucoup le temps de s’emmerder», souffle Madame Yoko. Coudre des costumes, faire de la comédie, apprendre des chorégraphies, imaginer des défilés… Le mélange du monde du drag avec le rythme imposé par la production télévisuelle crée un roulement d’enfer.

«On nous met dans des challenges qui ne sont pas dans nos compétences. Je ne suis pas bonne danseuse et il nous est arrivé de devoir créer une chorégraphie en un après-midi et une soirée», illustre la drag-queen. Il n’est pas rare que les participantes arrivent sur le plateau à 8 h pour en repartir à 23 h.

Notre représentante luxembourgeoise finira sa course, éliminée au troisième épisode, après avoir défilé, enveloppée dans une robe émeraude style Art nouveau, la tête coiffée de plumes de paon. «C’est une fierté d’être la première Luxembourgeoise à participer à Drag Race, d’autant plus que c’était une très chouette expérience. J’ai fait de belles rencontres, il y avait une bonne connivence avec les queens.»

La sincérité avant tout

«Lorsqu’on est drag-queen, on est soi, sans l’être à 100 %. Madame Yoko me ressemble, elle est dans l’émotion autant que dans l’humour, avec quelques moments de folie. Le meilleur mot pour me décrire est sincérité», affirme celle qui, sur scène, chante en live des chansons qui résonnent en elle et se livre énormément devant son public, quitte à faire durer le show jusqu’au bout de la nuit.

 

Le drag au Luxembourg «Le drag a toujours fait partie du quotidien des Luxembourgeois», assure Madame Yoko. Selon elle, les pionniers du genre au Grand-Duché sont la Fada’s Family. Cette troupe, qui a vu le jour en 1978, se produit depuis plus de quarante ans dans les bars, les clubs et les fêtes de village. «Ils proposent des revues avec parfois 20 numéros qui s’enchaînent», indique le patron du Barnum. Au fil des décennies et malgré les drames, le groupe a évolué et parvient toujours à faire brûler la flamme du drag au Grand-Duché. D’autres reines ont également repris le flambeau. En plus de Madame Yoko, nous pouvons citer, entre autres, Medusa Venom ou encore Séraphine Mirage, que vous pouvez, notamment, retrouver dans des shows et à l’occasion de Drag Bingo.

 

Madame Yoko, la reine des drag-queens luxembourgeoises

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Madame Yoko aus Ell rockt nicht nur bei „Drag Race Belgique“ die Bühne

Madame Yoko aus Ell rockt nicht nur bei „Drag Race Belgique“ die Bühne

Luxemburger Wort Weekend - 17/02/2024
Manon Kramp - Claude Piscitelli

Mit Stil und Humor punktet Ian Lejeune in der aktuellen Staffel der kunterbunten Fernsehshow. Seine Madame Yoko und sein Cabaret „Barnum“ in Redingen/Attert sind weit über die Grenzen Luxemburgs hinaus bekannt.

Madame Yoko in ihrer gelben Kreation zum Thema "Drache nationale".

Szene aus Folge 1 von „Drag Race Belgique“: Madame Yoko punktet beim Drag-Race-Challenge „Drache nationale“ mit einer voluminösen Trench-Kreation, die an das Sprichwort „auf Regen folgt Sonnenschein“ anlehnt. (Foto: RTBF)

 

Ian Lejeune zupft seine langen, falschen Wimpern zurecht und zwinkert seinem Spiegelbild zu. „Jetzt bin ich Madame Yoko“, sagt er mit lasziver Stimme. „In dem Moment, in dem ich die Wimpern anklebe, spüre ich die Verwandlung. Ich spreche dann sogar anders.“

Doch noch ist die Mutation zur Dragqueen Madame Yoko nicht vollendet. Bis Lejeune, der in Vietnam zur Welt kam und als Kind von einer Familie aus dem belgischen Martelingen adoptiert wurde, als schöne Asiatin die Zuschauer in ihren Bann ziehen kann, sind neben etlichen Schichten Make-up, Glitzerlidschatten und pinkem Lipgloss noch einige Anstrengungen nötig.

Ian Lejeune verwandelt sich in Madame Yoko. Foto: Claude Piscitelli

Ein feiner Schleier aus losem Puder hat sich derweil über die zahlreichen Schminkutensilien vor den drei beleuchteten Spiegeln gelegt, von einer mit Pinseln gefüllten Tasse lächelt das Konterfei des Queen-Sängers Freddie Mercury im Hausfrauen-Drag-Look des Songs „I want to break free“, dessen Video 1982 prüden Fernsehsendern und Zuschauern einen moralischen Schluckauf bescherte, aber zu einer Hymne der Schwulen-Szene wurde.

In der kleinen Künstlerloge wäre etwas mehr Bewegungsfreiheit nicht schlecht. Denn neben Madame Yoko bereiten sich zwei weitere Dragqueens auf ihren Auftritt vor: Tara Jackson, die aus Paris angereist ist und als Soulinterpretin glänzt, und die Luxemburgerin Miss Calima, mit jeder Menge Schlagerhits zum Mitsingen im Gepäck. Sie sind Madame Yokos Gäste für die Samstagabendshow im „Barnum Brasserie - Cabaret Madame“, das Ian Lejeune seit Januar 2019 gemeinsam mit seinem Partner Alex Goedert in Redingen/Attert betreibt. „Das einzige Cabaret dieser Art in Luxemburg“, wie er betont. Beide wohnen nur einen Katzensprung entfernt in Ell.

Et voilà! Madame Yoko in all ihrer Schönheit. Foto: Claude Piscitelli

Die Stimmung in der Loge ist locker. Die drei Dragqueens kennen und schätzen sich – was sie nicht davon abhält, sich Frotzeleien an den Kopf zu werfen. „Alles nett gemeint“, lacht Madame Yoko. „Biestig und zickig“ gehöre zur Show.

Sie setzt sich eine Perücke mit langen roten Haaren auf und schlüpft in ein hautenges blaues Spitzenkleid. Darunter sorgt ein gepolsterter Büstenhalter für Kurven. „Ich bin eher wie ein V gebaut“, sagt sie. Je nach Kostüm wird der Weiblichkeit auch mit Korsetts und Hüftpolstern unter hautfarbenen Strumpfhosen nachgeholfen. Rein in die Plateau-Pumps, fertig!

 

Kampf um die Krone

Es läuft gut für die 33-jährige Dragqueen. Derzeit steht Madame Yoko in der zweiten Staffel der TV-Show „Drag Race Belgique“ im Rampenlicht. Diese verspricht Glamour, Kreativität und viel Drama. Die Konkurrenz ist groß, doch die einzige Teilnehmerin aus Luxemburg macht eine gute Figur und beweist ihr Gesangstalent, Charme und Humor.

Dabei hatte sie eine Anfrage der Produktionsfirma zunächst abgelehnt. „Ich bezweifelte, dass dieser Wettbewerb geeignet war, um die Facetten zu zeigen, die ich von mir präsentieren wollte. Und da war noch die Arbeit im ,Barnum‘“, erzählt Ian Lejeune. Aber alle Künstler um ihn herum hätten ihm geraten, mitzumachen. „Also sagte ich mir ‚Du hast keine Ahnung, worauf Du Dich einlässt, aber tu es‘, und bewarb mich – ich musste dennoch, wie alle anderen, die Auswahlkriterien durchlaufen.“ Die Zusage kam innerhalb von drei Wochen.

Ian Lejeune war dabei, musste dafür aber auf seine Kandidatur für den Luxemburg Song Contest verzichten. „Es war organisatorisch nicht möglich, mich auf beide Veranstaltungen gleichzeitig vorzubereiten. Es war einfach zu stressig“, sagt Lejeune. „Nächstes Jahr werde ich auf jeden Fall mitmachen.“

Die komplette Staffel von „Drag Race Belgique“ wurde im September 2023 gedreht. Zwei Folgen der Show wurden zum Zeitpunkt des Treffens im „Barnum“ bereits auf dem belgischen Sender Tipik ausgestrahlt, aber Lejeune darf nicht verraten, wie weit er gekommen ist. Er spricht jedenfalls von der Sendung als „eine Erfahrung, bei der ich aus mir herausgehen musste, um voranzukommen“.

Ihren ersten Auftritt in der Fernsehshow „Drag Race Belgique“ absolviert Madame Yoko in einem funkelnden, schneeweißen Minikleid. Foto: RTBF

Er sei es gewohnt, Dinge selbst zu entscheiden. Seine Karriere habe er auf der konstruktiven Kritik anderer Künstler aufbauen können, „jetzt stand ich allein da und musste mich Herausforderungen stellen, die einerseits technisch anspruchsvoll waren, wie die Couture-Challenge, die mir sehr lag, aber auch völlig absurd, wie das Rodeo auf einem Einhorn oder der Karate-Gag“. Doch gerade bei Letzterem ging Madame Yoko als souveräne Siegerin hervor.

Die Jury, bestehend aus der frankokanadischen Diva Rita Baga, den belgischen Sängern und Schauspielern Mustii und Lio sowie wechselnden Gastjuroren, war von Madame Yoko angetan, aber es gab auch Kritik. „Eine solche Bewertung ist immer subjektiv, sie muss einem nicht gefallen, aber so ist das Spiel“, sagt Lejeune. „Man stellt uns in ein Schaufenster, das Ziel der Show ist es schließlich, den Zuschauern ein Spektakel zu bieten.“

In der Talent-Challenge von Episode 1 singt Madame Yoko ein emotionales Lied und enthüllt nach und nach die unter ihrem Outfit versteckten Tattoo-Botschaften über Toleranz und Freiheit. Foto: RTBF

Im Gegensatz zu anderen Konkurrentinnen setzt seine Madame Yoko lieber auf authentische Emotionen statt auf dramatische Opulenz. In einem maßgeschneiderten weißen Minikleid mit Strassbesatz in Form von Kristallspitzen legte sie einen selbstbewussten ersten Auftritt hin. Stilvoll punktete sie auch in ihrem blauen Hosenanzug mit bauchfreiem Oberteil und Cape. „Du siehst aus wie David Bowie als kleiner Prinz“, schwärmte Jurorin Lio. Die rote Pagenkopfperücke sei leider zu unspektakulär, kritisierten andere Jurymitglieder.

 

Der Moment, der alles veränderte

Die Kandidatin aus dem Großherzogtum schlägt sich demnach gut, dabei verdankt Madame Yoko ihre Existenz eigentlich einem Zufall. Bis zu einem Abend im Jahr 2015, der sein Leben verändern sollte, deutete nichts darauf hin, dass der studierte Innenarchitekt Ian Lejeune einmal Karriere als Dragqueen machen, geschweige denn als „Meneuse de revue“ eine eigene Show in Luxemburg präsentieren würde.

Seinen Studienabschluss machte Lejeune an der Esa Saint-Luc in Brüssel. In der belgischen Hauptstadt entdeckte er auch die Welt der Dragqueens – bei einem spontanen Abstecher ins „La Boule Rouge“, wo die „Live Drag Show“ einer gewissen Catherine d‘Oex ankündigt wurde. Der Auftritt der Schweizer Drag-Künstlerin sollte zum Wendepunkt in Lejeunes Karriere werden. „Ich hatte mir Playback erwartet, aber Catherine sang ihre Chansons selbst. Ich war hin und weg von ihr, besuchte die Show mehrmals und fragte sie nach einiger Zeit, ob ich mit ihr singen dürfe.“

Wenn Madame Yoko auftritt, kocht die Stimmung im „Barnum“ hoch – tanzen ist erwünscht. Foto: Claude Piscitelli

A Star is born

Erstmals auf der Bühne stand Ian am 16. April 2016. Noch nicht als Madame Yoko, sondern als Lady Sushi. „Ich mochte diese Selbstironie, die Anspielung auf Lady Gaga und meine vietnamesischen Wurzeln“, sagt er. Als seine Dragmama, eine Art Mentorin, nahm ihn Catherine d’Oex unter ihre Fittiche. „Sie schminkte mich zum ersten Mal, es war nicht perfekt, aber ich fühlte mich verwandelt, schön.“ Der Auftritt war für ihn eine Offenbarung und legte den Grundstein für seine zweite berufliche Karriere.

Diese Leidenschaft für Verkleidung und Bühne hat Lejeune bis heute nicht losgelassen. Davon zeugt die mit unzähligen extravaganten Kleidern, Kostümen und Accessoires vollgestopfte Garderobe, die einer Schatzkammer gleicht: Pailletten, Glitzer, Gold- und Silberschmuck, Diademe, Satin, Spitze und schillernde Farben wohin das Auge blickt. Dazu Schuhe mit zum Teil astronomisch hohen Absätzen, falsche Brüste und üppige Perücken. „Ich bevorzuge Echthaar, das ist leichter und man schwitzt nicht so darunter“, sagt der Travestiekünstler. Ein Outfit wiegt schnell mehrere Kilos, vor allem die mit Strass besetzten Kleider.

 

„Es ist widernatürlich ...“

Der Weg zum Erfolg war steinig. „Als Dragqueen wird man mit vielen Vorurteilen konfrontiert wie ‚Es ist bizarr, es ist widernatürlich …‘“, seufzt Lejeune. Seine Familie lebe auf dem Land, sie sei nicht konservativ, aber es sei kompliziert, sich außerhalb der Norm zu bewegen. „Auch mein Coming-out war nicht einfach“, bedauert Ian Lejeune. „Für viele ist eine Dragqueen zudem ein Mann, der eine Frau werden will. Doch hier wird etwas Grundlegendes verwechselt, Drag hat nichts mit Transsexualität oder Geschlechtsangleichung zu tun. Ich bin ein Schauspieler, der eine Frau spielt.“

Drag hat nichts mit Transsexualität oder Geschlechtsangleichung zu tun. Ich bin ein Schauspieler, der eine Frau spielt.
Ian Lejeune
Dragqueen Madame Yoko

Er gesteht, ein eher schüchterner Mensch zu sein. Die Maske der Madame Yoko bilde eine Schutzmauer, die es ihm erlaube, andere Facetten seines Charakters zu zeigen. Dragqueens würden sich auch von den Transformistinnen unterscheiden, die mithilfe von Playback bestimmte Künstlerinnen imitierten. „Eine Dragqueen erschafft ihr eigenes Alter Ego“, erklärt Lejeune. „Madame Yoko ist eine Kunstfigur, die ich auf der Bühne zum Leben erwecke. Mein Act ist eine stimmliche und ästhetische Performance. Ich bleibe dabei ich selbst und verändere meine Stimme beim Singen nicht“, erzählt Ian Lejeune.

Madame Yoko will mit ihren Songs echte Emotionen vermitteln. Foto: Claude Piscitelli

Nichts Anrüchiges

Manche Männer hätten auch eine etwas verquere Vorstellung von einem Cabaret, sie verwechselten es mit Etablissements, wie sie beispielsweise rund um den Bahnhof in Luxemburg-Stadt florieren. Es hätten sogar Herren nachgefragt, ob es im Keller des Restaurants Séparées für gewisse Stunden gäbe. Andere hätten sich am Telefon nach besonderen Dienstleistungen erkundigt.

„Sie haben wohl den Begriff ,Drag‘ falsch interpretiert“, lacht Madame Yoko. Dieser komme nämlich nicht vom französischen Wort „draguer“ für anmachen oder aufreißen – auch wenn man die Kunden gerne necke und das Spiel mit den Geschlechterrollen durchaus eine sexuelle Note habe.

Drag sei eine Abkürzung für „dressed as a girl“ (als Mädchen gekleidet) oder „dressed resembling a girl“ und stamme aus der Zeit Shakespeares, in der Frauen das Theaterspielen verboten war und Männer in Mädchenkleidern die weiblichen Rollen übernahmen. „Diese Tradition reicht bis in die Antike zurück“, erzählt Madame Yoko.

Es gebe auch Dragkings, also Frauen, die in Männerrollen auftreten. „Ich kenne aber leider niemanden, der das in Luxemburg macht“, sagt sie. Mit lesbisch oder schwul sein habe Drag ohnehin nichts zu tun. Als Dragqueen engagiere man sich auch nicht direkt für LGBTQA+-Belange. „Im ,Barnum‘ weht nicht mal eine Regenbogenfahne, wir feiern unsere Kreativität. Aber dass es uns gibt und wir uns hier zeigen, ist schon eine softe Form von Aktivismus.“

Aufwändige Kostüme, Lieder zum Mitsingen und jede Menge gute Laune: Bei Madame Yokos Show sollen die Zuschauer den Alltag vergessen. Foto: Claude Piscitelli

It‘s Showtime

Eine Dragqueen treibt das Spiel der Travestie auf die Spitze. „Das Burlesque-Cabaret basiert auf der Übertreibung. Eine Dragqueen kann komisch, divenhaft oder dramatisch sein. Wir sind Entertainer, die Zuschauer kommen, um sich unterhalten zu lassen, um sich zu amüsieren, zu staunen, zu tanzen und zu lachen.“

Humor spielt in diesem Metier eine wichtige Rolle. Das weiß auch das bunt gemischte Publikum, das sich im lauschigen Cabaret unter dem Dach des „Barnum“ versammelt hat. „Zu uns kommen Gäste jeden Alters. Die Frauen sind etwas mutiger als die Männer“, sagt Madame Yoko. Das liebevoll inszenierte Sammelsurium an Dekorationselementen verleiht dem Raum seine einzigartige Vaudeville-Atmosphäre.

Aber psst! Die Eröffnungsmusik aus dem Film „The Greatest Showman“ ertönt. Eine strahlende Madame Yoko im rot-goldenen Kimono schwebt die Treppe zur Bühne hinunter und der Zauber beginnt zu wirken. It‘s Showtime, Ladies!

 

"RuPaul's Drag Race"

(mij) - Wer ist die beste Dragqueen des Landes? Diese Frage stellte die erfolgreiche und TV-bekannte Dragqueen RuPaul alias RuPaul Andre Charles, die 1993 bereits ein Duett mit Elton John aufnahm, erstmals 2009 in der TV-Show „RuPaul’s Drag Race“ in den USA: Gemeinsam mit festen und wechselnden Jurymitgliedern – darunter bereits Lady Gaga und Charlize Theron – bewertet RuPaul in jeder Staffel die Looks und die Auftritte von rund einem Dutzend Dragqueens, die in verschiedenen Wettbewerben („mini challenges“ und „maxi challenges“) gegeneinander antreten und um die Krone kämpfen.

Anfang 2024 startete die 16. Staffel der Show in den USA, zudem gibt es neben zahlreichen Sonderformaten auch Franchises auf vier Kontinenten, darunter „Drag Race Down Under“ (Australien und Neuseeland), „Drag Race Phillipines“ und „Drag Race México“. Die meisten Showableger existieren in Europa: 2022 startete die erste Staffel „Drag Race France“, im vergangenen Jahr wurde die erste Staffel „Drag Race Germany“ (Deutschland, Österreich, Schweiz) ausgestrahlt. In Belgien feierte die Show im vergangenen Frühjahr Premiere, die zweite Staffel „Drag Race Belgique“ ist seit dem 1. Februar dieses Jahres auf dem Sender Tipik zu sehen. Alle Staffeln des Formats sind auch über die internationale Streamingplattform WOW Presents Plus abrufbar.

Madame Yoko, candidate à « Drag Race »

Madame Yoko, candidate à « Drag Race »

L'avenir - 07 février 2024
Nicolas Guidi

 

Ian Lejeune est le seul représentant originaire de la province de Luxembourg dans l’émission Drag Race Belgique sur Tipik (RTBF). Rencontre et découverte d’un milieu atypique.

Dimanche dernier débutait la saison 2 de l’émission américaine "RuPaul Drag Race", déclinée chez nous sur Tipik avec "Drag Race Belgique". L’occasion de nous pencher aujourd’hui sur ce milieu encore méconnu chez nous avec Ian Lejeune (33 ans), alias Madame Yoko, la seule candidate originaire de notre province. Il devra se mesurer à 8 autres drag queens au travers de défis et de défilés.

 

Parlez-nous de vous : qui êtes-vous et d’où venez-vous ?

Je viens du Vietnam. J’ai été adopté, mais mes parents sont originaires de Radelange (Martelange). J’ai fait mes primaires à Martelange et mes secondaires à l’Athénée royal d’Arlon. J’ai toujours été bien accepté quand j’étais jeune, jusqu’au moment où j’ai fait mon coming out. J’ai été un enfant heureux, mes parents m’aimaient. J’ai subi de l’incompréhension et beaucoup de questionnements. Je suis donc parti faire des études à Saint-Luc (Liège) pour devenir architecte d’intérieur. J’ai découvert la ville et son ouverture. Le milieu rural est assez fermé sur ce sujet de manière générale. J’ai terminé mon parcours à Bruxelles. Jusque-là, je ne sortais pas dans le milieu gay, j’en avais assez peur. Un jour, je suis sorti à la "Boule Rouge" à Bruxelles où j’ai admiré la prestation de Catherine d’Oex. Cela a été une révélation pour moi. Plus tard, j’ai chanté avec elle et elle m’a épaulé dans mes débuts. C’était en 2016.

Expliquez-nous, qu’est-ce que le drag ?

Ça vient de "dressed really as a girl", s’habiller vraiment comme une femme. Moi, j’y vois comme une sorte de parallèle entre qui on est, en tant qu’homme, et l’idéal que l’on souhaite devenir au travers d’un personnage. Le drag ne se résume heureusement pas à "je me déguise en femme". C’est se créer un personnage, un autre soi. C’est de l’expression scénique au final. Nous n’avons rien inventé, ça date de l’antiquité ! À l’époque, les femmes ne pouvaient pas faire du théâtre et donc, les hommes jouaient les rôles de femmes. Idem au théâtre japonais, le kabuki. Coiffeur, danseur, chanteur, styliste, créateur de bijoux… On regroupe tout ça.

 

Drag Race Belgique, c’est une belle vitrine pour votre art ?

Complètement ! Je suis très content et fier que ce soit endossé par une chaîne publique comme la RTBF. Tout comme en France avec France 2 ou en Angleterre avec la BBC. Les chaînes de TV cherchent à promouvoir la diversité et la culture et c’est très bien !

 

Pensez-vous que le drag est de plus en plus connu et accepté chez nous ?

Non ! Ce n’est pas parce que cela passe à la TV que cela s’est démocratisé. Les gens ont encore beaucoup de préjugés, l’inconnu fait peur. Mais cela évolue positivement.

 

Sur le plan personnel, cela a-t-il toujours été facile pour vous d’assumer votre passion ?

Moi, je l’ai tout de suite assumé, car c’est ce que je voulais faire. Mon compagnon m’a toujours encouragé à le vivre. Je ne l’avais jamais dit à ma mère et, un jour, je lui ai envoyé une photo de moi en tenue. Sa réaction ? "Tu me prêteras ton collier !" Elle n’a même pas fait attention au fait que j’étais habillé en drag-queen. Par contre, elle m’a dit de ne pas en parler à mon père. Je ne lui ai jamais dit. Il est aujourd’hui décédé. Peut-être aurais-je dû lui dire…

 

Comment se déroule une émission ?

Un épisode, c’est deux jours de tournage. On recommence énormément de scènes. Ça manque un peu de spontanéité pour nous, mais pas pour le public. Une saison complète, c’est trois semaines de tournage.

 

Êtes-vous aidé dans les costumes et les maquillages ?

Pas du tout ! Quand on est casté, on nous envoie un document 6 semaines avant le tournage pour préparer nos tenues. On nous donne tous les thèmes de façon assez vague. Même si on est éliminé au début, toutes les tenues, jusqu’à la fin de la saison, doivent être prêtes. On dépense des milliers d’euros dans la confection des tenues. Les défilés, on les tourne 5 fois pour ne garder que les meilleures prises de vues.

 

Quelques mots du vocabulaire de Drag Race Belgique...

Lip sync : Il s’agit d’une bataille de chant en play-back entre les deux concurrentes ayant obtenu les moins bonnes notes à l’issue d’une émission. La perdante de cette épreuve est éliminée.

Shantay you Stay/Sashay A way : Formule prononcée par la présentatrice à l’issue du Lip Sync. Shantay you Stay, pour la gagnante et Sashay Away pour la perdante.

Mes reines/Mes queens : Surnom donné aux candidates de l’émission.

Drag king : Équivalent de "drag queen" pour les artistes qui interprètent un personnage aux traits masculins.

Drag mother : Drag queen expérimentée qui joue le rôle d’une mère dans l’apprentissage d’une drag queen débutante.

Werk Room : Salle dans laquelle les concurrentes se préparent pour les épreuves.

Runway : Piste sur laquelle les candidates défilent avec leur tenue devant le jury.

Snatch Game : épreuve de parodie.

Pit Crew ( Frite Crew en Belgique) : Assistants de la présentatrice de l’émission.

 

Drag Race Belgique, chaque dimanche à 22 h 00, sur Tipik et en replay sur RTBF Auvio.

Un refuge de drag-queens dans le Luxembourg profond

Un refuge de drag-queens dans le Luxembourg profond

Virgul' - 29 juin 2023
Luxembourg on foot

 

En chemin, j'ai rencontré Ian Lejeune, un Belge d'origine vietnamienne qui s'est installé dans la région il y a dix ans. Il porte un costume rose, une perruque blanche et de longs cils collés aux paupières, peints de couleurs criardes. «Bonjour, dit Ian Lejeune, vous pouvez m'appeler Madame Yoko.»

 

Ian Lejeune, alias Madame Yoko.

Ian Lejeune, alias Madame Yoko. © PHOTO: Ricardo J. Rodrigues

 

La carte que j'avais dessinée traversait rapidement la région de l'Ouest, j'ai donc décidé de rester un jour de plus au Gutland pour pouvoir faire l'aller-retour jusqu'à Rédange-sur-Attert, avec des arrêts à Useldange et Reimberg. Et je suis content d'être resté. Les bois ont quelque chose de magique, c'est un décor qui renvoie aux contes pour enfants et aux films fantastiques. Les courbes du chemin mènent à des fougères plus hautes qu'un homme et les racines des arbres sont tordues et couvertes de mousse, comme les bras d'un géant endormi sous terre.

Dans la crypte du château d'Useldange, on raconte l'histoire de Catherine Theis, une femme arrêtée au XVIIe siècle et accusée de sorcellerie. En fait, elle ne faisait qu'utiliser les herbes des bois pour fabriquer des médicaments. L'Inquisition, effrayée par les arts inconnus qu'elle apportait au Gutland, la condamna au bûcher. La lumière de la différence, après tout, a toujours effrayé ceux qui vivaient dans l'obscurité.

Ian Lejeune

Ian Lejeune © PHOTO: Ricardo J. Rodrigues

 

Rédange est le plus grand village de la région et le siège du canton du même nom. Il compte 3.059 habitants, ce qui ne lui permet pas, loin s'en faut, de s'appeler une ville. Mais il y a des magasins, des cafés et des gens qui se promènent dans les rues. En chemin, j'ai rencontré Ian Lejeune, un Belge d'origine vietnamienne qui s'est installé dans la région il y a dix ans. Il porte un costume rose, une perruque blanche et de longs cils collés aux paupières, peints de couleurs criardes. «Bonjour, dit Lejeune, vous pouvez m'appeler Madame Yoko.»

«Les gens me croisent dans la rue et ils ne me parlent pas, même si je les salue. C'est comme s'ils avaient peur d'attraper une maladie. Ian Lejeune, alias Madame Yoko

Ian Lejeune, alias Yoko, est propriétaire de la brasserie Barnum, un restaurant qui sert des déjeuners, des dîners et propose des spectacles de drag-queens. Il n'aime pas appeler son établissement une maison gay, «parce que nous sommes en fait favorables aux hétérosexuels et que nous acceptons aussi les hétérosexuels», dit-il - à moitié sérieusement, à moitié en plaisantant. Il préfère définir sa maison comme «un havre pour ceux qui se sentent différents et un havre de tolérance». Il est également fier de faire savoir qu'il s'agit du seul bar destiné au public LGBT dans tout le pays. «Dans la capitale, depuis que le Bar Rouge a fermé, il n'y a plus rien. Il n'y a que nous, au milieu d'un village perdu sur la carte.»

Il n'est pas facile d'avoir un lieu avec ces caractéristiques au milieu du Luxembourg profond. «Les gens me croisent dans la rue, que je sois habillé en homme ou en femme, et ils ne me parlent pas, même si je les salue. C'est comme s'ils avaient peur d'attraper une maladie», dit-il. «Dans la ville, il y a des fêtes, des associations et des événements. Mais vous savez, ce jeune qui vient d'Afghanistan ou de Syrie, ou qui a une famille trop conservatrice et qui est à la recherche de sa sexualité ? Il ne s'adressera jamais à une institution. Il cherchera un bar pour se découvrir.»

De toute la Grande Région

Il y a des jeunes comme ça dans la clientèle du Barnum. «Il y a quelques semaines, un jeune homme de 17 ans est venu ici avec ses parents. Il m'a demandé de jouer à ses côtés, habillée en femme. Ses parents ont accepté l'idée et je lui ai tenu la main, je l'ai aidé à choisir des vêtements, je lui ai donné une chance. Peut-être que cela l'aidera à se comprendre et à faire le tri, au lieu de s'isoler et de commencer à voir le monde de manière trop sombre.»

Il pense que c'est la raison pour laquelle les gens viennent de si loin : «Lorsqu'il y a un spectacle, les gens viennent de Trèves, de Metz et de Nancy, de Liège et de Bruxelles. Ils chantent et dansent avec moi et tout le monde repart en riant. Les habitants ne viennent pas, mais je sais que je suis un dernier rempart pour la tolérance. Je n'ai pas les moyens de payer un loyer en ville, mais je peux le faire ici. Je ne partirai donc pas tant qu'ils ne m'auront pas jeté au feu.»